ÉCRIRE UN MOUVEMENT 

 

​L'empathie recouvre nombre de visions et de définitions. Cette pièce, à la croisée entre "théâtre dansé" et "conférence gesticulée", propose de faire un état des lieux depuis son origine jusqu'à ses usages actuels. Si l'intention profonde est de transmettre un certain goût pour la bienveillance, nous espérons aussi contribuer à lever quelques malentendus et quiproquos sur cette notion. Au-delà de la dimension "spectacle", cette pièce se propose d'être un outil ouvrant un espace d'échanges et de débats. C’est pour cela que chaque représentation sera associée à une rencontre du type "bord plateau".

​

À l'origine du titre de ce projet, on trouve le philosophe Theodor Lipps, précurseur de l'empathie avant même que le mot n'existe, et dont la métaphore du funambule a gravé les mémoires. Lorsque nous regardons l'acrobate sur son fil, nous sommes à la place du funambule et nous partageons avec lui ce qu'il ressent. S'il tremble, nous tremblons avec lui, s'il se déséquilibre, nous nous déséquilibrons nous aussi. C'est parce que j'entre mentalement dans le corps de l'autre que je deviens capable d'éprouver ce qui lui arrive comme si j'étais à sa place. Pour Lipps, c'est ce processus "d'imitation interne" qui serait à l'origine de l'effacement de la distinction entre soi et l'autre. Ses recherches et travaux ont aussi participer à la distinction entre l'empathie affective et l'empathie cognitive.

 

Outre cette référence historique, l'équilibriste, en tant qu'image poétique, pourrait illustrer ce que serait une relation d'empathie. C'est à dire la recherche d'un point d'équilibre dans la relation qui demande un ajustement permanent, une présence et une attention d'une rare qualité. Sans oublier l'indispensable balancier moulé dans l'écoute, la bienveillance, l'absence de jugement et le silence.

 

Pour Marshall Rosenberg, fondateur de la Communication NonViolente, le silence serait d'ailleurs l'une des clés principales de l'empathie. Il nous rappelait que consoler, conseiller, minimiser, interpréter, s’apitoyer ou proposer des solutions c'est être dans l’action et non dans l’écoute. C'est précisément parce que nous voulons intervenir, comme pour "régler le problème", et ce même avec les intentions les plus louables, que nous ne laissons plus la place à l’autre. Et sans cela, pour lui, il n'y a pas d'empathie possible.

 

Si l'on ne peut étendre ni réduire l'empathie à la vision de Marshall Rosenberg, on peut s'attarder sur ce avec quoi elle est souvent confondue : l'altruisme, la sympathie, la compassion, l'identification, etc.​​

​​